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recherches sur les substances radioactives.

CHAPITRE II.
LES NOUVELLES SUBSTANCES RADIOACTIVES.




Méthode de recherches. — Les résultats de l’étude des minéraux radioactifs, énoncés dans le Chapitre précédent nous ont engagés, M. Curie et moi, à chercher à extraire de la pechblende une nouvelle substance radioactive. Notre méthode de recherches ne pouvait être basée que sur la radioactivité, puisque nous ne connaissions aucun autre caractère de la substance hypothétique. Voici comment on peut se servir de la radioactivité pour une recherche de ce genre. On mesure la radioactivité d’un produit, on effectue sur ce produit une séparation chimique ; on mesure la radioactivité de tous les produits obtenus, et on se rend compte si la substance radioactive est restée intégralement avec l’un d’eux, ou bien si elle s’est partagée entre eux et dans quelle proportion. On a ainsi une indication qui peut être comparée, en une certaine mesure, à celle que pourrait fournir l’analyse spectrale. Pour avoir des nombres comparables, il faut mesurer l’activité des substances à l’état solide et bien desséchées.


Polonium, radium, actinium. — L’analyse de la pechblende, avec le concours de la méthode qui vient d’être exposée, nous a conduits à établir l’existence, dans ce minéral, de deux substances fortement radioactives, chimiquement différentes : le polonium, trouvé par nous, et le radium, que nous avons découvert en collaboration avec M. Bémont ([1]).
Le polonium est une substance voisine du bismuth au

  1. P. Curie et Mme Curie, Comptes rendus, juillet 1898. — P. Curie, Mme Curie et G. Bémont, Comptes rendus, décembre 1898.