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RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES RADIOACTIVES.

du rayonnement dans les limites de précision des expériences, c’est-à-dire à 2 pour 100 ou 3 pour 100 près ([1]).

On utilisait pour ces mesures un plateau métallique recouvert d’une couche d’uranium en poudre ; ce plateau n’était d’ailleurs pas conservé dans l’obscurité, cette condition s’étant montrée sans importance d’après les observateurs cités précédemment. Le nombre des mesures effectuées avec ce plateau est très grand, et actuellement ces mesures portent sur un intervalle de temps de 5 années.

Des recherches furent faites pour reconnaître si d’autres substances peuvent agir comme les composés d’urane. M. Schmidt publia le premier que le thorium et ses composés possèdent également cette faculté ([2]). Un travail analogue fait en même temps m’a donné le même résultat. J’ai publié ce travail, n’ayant pas encore eu connaissance de la publication de M. Schmidt ([3]).

Nous dirons que l’uranium, le thorium et leurs composés émettent des rayons de Becquerel. J’ai appelé radio-actives les substances qui donnent lieu à une émission de ce genre ([4]). Ce nom a été depuis généralement adopté.

Par leurs effets photographiques et électriques les rayons de Becquerel se rapprochent des rayons de Röntgen. Ils ont aussi, comme ces derniers, la faculté de traverser toute matière. Mais leur pouvoir de pénétration est extrêmement différent : les rayons de l’uranium et du thorium sont arrêtés par quelques millimètres de matière solide et ne peuvent franchir dans l’air une distance supérieure à quelques centimètres ; tout au moins en est-il ainsi pour la grosse partie du rayonnement.

Les travaux de divers physiciens, et, en premier lieu, de M. Rutherford, ont montré que les rayons de Becquerel


  1. Mme Curie, Revue générale des Sciences, janvier 1899.
  2. Schmidt, Wied. Ann. t. LXV, p. 141.
  3. Mme Curie, Comptes rendus, avril 1898.
  4. P. Curie et Mme Curie, Comptes rendus, 18 juillet 1898.