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LA LUTTE POUR LES MOYENS DE TRAVAIL

Une réception très enthousiaste lui fut faite à cette occasion. Il a été heureux de revoir en cette circonstance lord Kelvin, qui lui avait toujours témoigné de l’affection et qui, déjà très âgé à cette époque, avait un intérêt toujours jeune pour la science. L’illustre savant montrait avec une satisfaction touchante une ampoule de verre contenant un grain de sel de radium qui lui avait été donnée par Pierre Curie. Nous avons rencontré aussi d’autres savants célèbres : Crookes, Ramsay, J. Dewar ; Pierre Curie publia, en collaboration avec ce dernier, un travail sur le dégagement de chaleur par le radium aux très basses températures, ainsi que sur la formation d’hélium dans les sels de radium.

Quelques mois plus tard, la médaille Davy lui était décernée (en commun avec moi) par la Société Royale de Londres, et presque en même temps nous obtenions, en commun avec Henri Becquerel, le prix Nobel de physique. Des considérations de santé nous empêchèrent de nous rendre à la cérémonie de la remise de ce prix en décembre, et c’est seulement au mois de juin 1905 que nous avons pu aller à Stockholm, et que Pierre Curie y a fait sa conférence Nobel. L’accueil que nous avons reçu a été plein de sympathie, et nous avons pu admirer l’aspect du pays dans l’éclat des beaux jours d’été.

L’attribution du prix Nobel a été pour nous un événement important en raison du prestige qui s’attachait à la fondation Nobel, encore récente (1901). Au point de vue pécuniaire, la moitié du prix représentait une somme sérieuse. Pierre Curie