avons annoncé l’existence du polonium en juillet 1898 et celle du radium en décembre de la même année[1].
Malgré ce progrès relativement rapide, le travail était loin d’être achevé. Dans notre opinion, il y avait là, sans aucun doute, des éléments nouveaux, mais pour faire admettre cette opinion par les chimistes, il fallait isoler ces éléments. Or, dans nos produits les plus fortement radioactifs (plusieurs centaines de fois plus actifs que l’uranium), le polonium et le radium n’étaient encore qu’à l’état de traces ; le polonium se trouvait associé au bismuth extrait de la pechblende, et le radium accompagnait le baryum extrait du même minerai. Nous savions déjà par quelles méthodes on pouvait espérer séparer le polonium du bismuth et le radium du baryum, mais cette séparation exigeait des quantités de matières premières bien plus grandes que celles que nous avions traitées.
C’est dans cette période de notre travail que nous avons été fortement désavantagés par le manque de moyens convenables : manque de local, manque d’argent et de personnel.
La pechblende était un minerai coûteux et nous ne pouvions en acheter une quantité suffisante. La principale source de ce minerai était alors à Saint-Joachimsthal (Bohême), où se trouvait une mine exploitée par le gouvernement autrichien, en vue de l’extraction de l’uranium. D’après nos prévisions,
- ↑ Cette dernière publication a été faite en commun avec G. Bémont, qui avait collaboré à nos expériences.