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PIERRE CURIE

de révolution des théories et des idées, soucieux aussi de précision et de clarté dans le mode d’exposition. Il songeait à publier un traité résumant cet enseignement, mais, absorbé par des préoccupations multiples pendant les années suivantes, il ne put malheureusement mettre ce projet à exécution.

Nous vivions très unis, nous intéressant en commun à toutes choses : travail théorique, expériences de laboratoire, préparation de cours ou d’examens. Pendant onze années de vie commune, nous ne nous sommes presque pas séparés, à tel point qu’il n’existe que peu de lignes de correspondance entre nous de cette époque. Nos journées de repos ou de vacances étaient consacrées à des promenades à pied ou à bicyclette, soit dans la campagne des environs de Paris, soit au bord de la mer ou en montagne. La préoccupation de travail était si absorbante chez Pierre Curie qu’il pouvait difficilement séjourner un temps prolongé dans un endroit où les moyens de travail lui manquaient. Après quelques jours, il lui arrivait de dire : « Il me semble qu’il y a bien longtemps que nous n’avons rien fait ». En excursion, au contraire, au cours de journées successives il se sentait heureux et jouissait pleinement de ces promenades que nous faisions ensemble, de même qu’il avait joui jadis de celles faites en commun avec son frère, sans que, d’ailleurs, la joie de voir de belles choses l’empêchât de penser à des questions scientifiques. Nous parcourûmes ainsi les régions des Cévennes et des monts d’Auvergne, ainsi que les côtes de France, et quelques-unes de ses grandes forêts.