peut-être sa démission et que je dois, en ce cas, poser ma candidature à sa succession. Vilaine corvée que celle d’un candidat à une place quelconque, et je ne suis pas habitué à ce genre d’exercice démoralisant au premier chef. Je regrette de vous en avoir parlé. Je crois que rien n’est plus malsain pour l’esprit que de se laisser aller à des préoccupations de ce genre, et d’écouter tous les petits potins que l’on vient vous raconter ».
S’il n’aimait pas solliciter un avancement, il était encore bien moins enclin à souhaiter les honneurs. Il avait, en particulier, une opinion très ferme en ce qui concerne les distinctions honorifiques ; non seulement il ne croyait pas à leur utilité, mais il les considérait même comme franchement nuisibles, pensant que le désir de les obtenir est une cause de trouble, qui fait passer au second plan le bat le plus digne de l’homme : l’accomplissement de l’œuvre pour l’amour d’elle-même. Accoutumé à une grande probité morale, il n’hésitait pas à conformer ses actes à ses opinions. Quand, pour lui donner une marque d’estime, Schützenberger voulut le proposer pour les palmes académiques, il refusa cette distinction, malgré les avantages qu’elle pouvait avoir pour son avenir et il écrivit ainsi à son directeur :
« J’ai été informé que vous aviez l’intention de me proposer de nouveau au préfet pour la décoration. Je viens vous prier de n’en rien faire. Si vous me procurez cette distinction, vous me mettrez dans l’obligation de la refuser, car je suis bien décidé à n’accepter jamais aucune décoration d’aucune sorte. J’espère que vous voudrez bien m’éviter une démar-