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CHAPITRE VII

LE DEUIL DE LA NATION. — LES LABORATOIRES : « DEMEURES SACRÉES ».


Je ne tenterai pas de décrire la douleur de la famille que laissait Pierre Curie. On a pu comprendre par ce récit ce qu’il avait été pour son père, son frère et sa femme. Il a été aussi un père dévoué, aimant tendrement ses enfants et heureux de s’en occuper, mais nos filles étaient encore trop jeunes à cette époque pour réaliser le malheur qui s’abattit sur nous. Leur grand-père et moi, toujours unis dans notre détresse commune, avons fait tout ce que nous avons pu pour que leur enfance ne fût pas trop assombrie par le désastre.

La nouvelle de la catastrophe détermina une véritable consternation dans le monde scientifique, en France et même à l’étranger. Les chefs de l’Université et les professeurs exprimèrent leur émotion dans des lettres pleines de sympathie ; des savants étrangers en grand nombre envoyèrent aussi des lettres et des dépêches. Non moins vive était l’impression produite dans le public où Pierre Curie, malgré sa réserve, avait une grande renommée. Cette émotion se traduisit par de nombreuses lettres privées venant non seulement de ceux avec qui nous étions en relations, mais aussi de personnes