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ŒUVRES DE P. CURIE.

Nous essayerons de préciser davantage les causes de la polarisation et celles de sa variation, en supposant qu’entre les faces opposées de deux couches successives de molécules existe une différence de tension constante, ce qui entraîne une condensation d’électricité qui dépend de la distance des deux couches ; si par une cause quelconque on change cette distance (variation de pression ou de température), la quantité condensée variera.

Un système propre à faire concevoir ce qui précède serait une pile de lames zinc-cuivre soudées (éléments de Volta), orientées de la même manière et séparées les unes des autres par d’égales épaisseurs d’air.

Soient e cette épaisseur, v la force électromotrice de contact zinc-cuivre. Toutes les lames étant d’abord réunies à la terre, il y a une quantité d’électricité condensée sur chaque face opposée entre deux couches successives, pourvu que ces couches soient suffisamment rapprochées. Lorsque la distance entre les couches varie, cette quantité devient

Les deux lames extrêmes laisseront donc échapper des quantités d’électricité de noms contraires

Quant aux lames intérieures, les électricités de signes opposés mises en liberté dans chacune d’elles se neutralisant, les résultats seraient les mêmes si elles étaient isolées, et c’est le cas qui nous intéresse.

Si l’on néglige dans la dernière formule devant l’unité, la quantité d’électricité dégagée est proportionnelle à la variation de distance de deux couches successives ; elle est proportionnelle à la surface ; elle est indépendante du nombre des couches et, par conséquent, de l’épaisseur de la colonne. Ces lois sont celles que fournissent les expériences faites sur la tourmaline.


III. Amenés, par la discussion des hypothèses que l’on avait