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un tube maintenu à zéro dans la glace fondante. À un moment donné on introduit l’ampoule dans le calorimètre et l’on constate que le mercure se déplace alors dans la tige avec une vitesse parfaitement uniforme (à raison de 2,5 cm à l’heure, par exemple, avec le produit dont nous avons parlé plus haut). Lorsqu’on retire l’ampoule contenant le radium le mercure s’arrête aussitôt.

1 g du chlorure de baryum radifère, avec lequel nous avons fait la plupart de ces expériences, dégageait environ 14 petites calories à l’heure, mais la composition de ce produit ne nous est pas exactement connue. D’après l’activité radiante, il doit renfermer environ de son poids de chlorure de radium pur. Nous avons également fait quelques mesures avec un échantillon de 0,08 g de chlorure de radium pur. Les mesures faites par les deux méthodes conduisent à des résultats qui sont du même ordre de grandeur sans être absolument concordants. Nous nous sommes proposé seulement, dans ces premières recherches, de démontrer d’une façon indiscutable l’existence du dégagement de chaleur en opérant dans des conditions variées et de donner l’ordre de grandeur du phénomène.

1 g de radium dégage une quantité de chaleur qui est de l’ordre de 100 petites calories par heure.

1 atome-gramme de radium (225 g) dégagerait, pendant chaque heure, 22500 cal, nombre comparable à celui de la chaleur dégagée par la combustion dans l’oxygène de 1 atome-gramme d’hydrogène.

Le dégagement continu d’une telle quantité de chaleur ne peut s’expliquer par une transformation chimique ordinaire. Si l’on cherche l’origine de la production de chaleur dans une transformation interne, cette transformation doit être de nature plus profonde et doit être due à une modification de l’atome de radium lui-même. Cependant, une pareille transformation, si elle existe, se fait avec une extrême lenteur. En effet, les propriétés du radium n’éprouvent pas de variations notables en plusieurs années et Demarçay n’a observé aucune différence dans le spectre d’un même échantillon de chlorure de radium en faisant deux examens à 5 mois d’intervalle. Si donc l’hypothèse précédente était exacte,