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années est devenu progressivement de plus en plus conducteur ; il n’est plus possible d’avoir un appareil bien isolé et l’on ne peut plus faire que des mesures grossières à l’électromètre. Cet état déplorable ne nous semble pas pouvoir s’expliquer par le rayonnement direct des poussières radioactives disséminées dans le laboratoire ; il est probablement dû en grande partie à la formation continue de gaz radioactifs analogues à ceux dont nous venons de parler[1].

En chauffant du chlorure de radium hydraté dans le vide, nous avons obtenu une certaine quantité d’eau distillée qui a été recueillie dans une ampoule. L’eau s’est montrée radioactive ; cette eau évaporée ne laissait aucun résidu radioactif ; si on la conserve en tube scellé, son activité ne disparaît que très lentement.

Nous ne pensons pas encore avoir élucidé le mécanisme de la propagation de la radioactivité induite. On peut, il est vrai, supposer que des gaz ordinaires contenus dans l’air s’activent au contact de la matière radioactive et se diffusent ensuite en communiquant, par contact, leur activité aux autres corps ; mais bien des faits ne sont pas expliqués avec cette manière de voir. En effet, l’activation limite est sensiblement indépendante de la pression et de la nature du gaz ; de plus, la propagation de l’activité par les tubes capillaires semble beaucoup trop rapide pour pouvoir être produite par une simple diffusion des gaz.





  1. C’est ainsi que l’air confiné dans toute boîte close qui séjourne dans le laboratoire finit par devenir très fortement conducteur, et sa conductibilité est très supérieure à celle de l’air de la pièce. Il suffit d’ouvrir la boîte pour faire tomber cette conductibilité.