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dans le laboratoire de Chimie ne tardent pas à être tous radioactifs et à agir sur les plaques photographiques au travers du papier noir. Les poussières, l’air de la pièce, les vêtements sont radioactifs. Dans la salle d’études physiques, l’air de la pièce devient conducteur ; MM. Elster et Geitel attiraient dernièrement l’attention sur ce point[1]. Dans le laboratoire où nous travaillons, le mal est arrivé à l’état aigu et nous ne pouvons plus avoir un appareil bien isolé.

Il y a donc lieu de prendre des précautions particulières pour éviter autant que possible la dissémination des poussières actives et pour éviter aussi les phénomènes d’activité induite.

Les objets employés en Chimie ne doivent jamais être emportés dans la salle d’études physiques, et il faut autant que possible éviter de laisser séjourner inutilement dans cette salle les substances actives. Avant de commencer ces études nous avions coutume, dans les travaux d’électricité statique, d’établir la communication entre les divers appareils par des fils métalliques isolés protégés par des cylindres métalliques en relation avec le sol, qui préservaient les fils contre toute influence électrique extérieure. Dans les études sur les corps radioactifs, cette disposition est absolument défectueuse ; l’air étant conducteur, l’isolement entre le fil et le cylindre est mauvais et la force électromotrice de contact inévitable entre le fil et le cylindre tend à produire un courant à travers l’air et à faire dévier l’électromètre. Il vaut mieux mettre tous les fils de communication à l’abri de l’air en les mettant, par exemple, au milieu de cylindres remplis de paraffine ou d’une autre matière isolante. Nous pensons qu’il y aurait aussi avantage à faire usage, dans ces études, d’électromètres rigoureusement clos.

Nature des rayons de Becquerel. — Le rayonnement de Becquerel est constitué par un mélange de rayons chargés d’électricité, déviables dans le champ magnétique, analogues aux rayons cathodiques, et de rayons non déviables par le champ magnétique et analogues aux rayons de Röntgen. Ce mélange n’a rien qui doive nous étonner. Dans les tubes à vide, les rayons X naissent à toute paroi frappée par les rayons cathodiques. D’autre part les rayons X en frappant les corps donnent naissance aux rayons secondaires

  1. Ann. der Physik, juillet 1900.