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que par M. Giesel, qui a ainsi activé du bismuth[1]. La difficulté de ces expériences consiste dans les soins extrêmes qu’il faut prendre pour éliminer le radium de la dissolution. L’expérience réussit très bien avec le bismuth.

M. Villard[2] a soumis à l’action des rayons cathodiques un morceau de bismuth placé comme anticathode dans un tube de Crookes ; ce bismuth a été ainsi rendu actif, à vrai dire, d’une façon extrêmement faible, car il fallait huit jours de pose pour obtenir une impression photographique. On pourrait donc ainsi créer la radioactivité sans faire intervenir une substance radioactive.

M. Rutherford[3] a obtenu des effets de radioactivité induite en se servant du thorium comme substance activante. Les résultats généraux sont les mêmes que ceux obtenus avec le radium. Cependant, d’après M. Rutherford, on obtient des effets particulièrement intenses en plaçant dans le voisinage du thorium un corps métallique de petite dimension (un fil de platine, par exemple) porté à un potentiel négatif de 500 volts tandis que le thorium est à la terre. L’activité induite se concentre sur le fil. En traitant celui-ci par l’acide sulfurique et en évaporant à sec, M. Rutherford obtient un résidu bien plus actif que le thorium.

M. Debierne[4] a obtenu des effets de radioactivité induite très intenses en utilisant comme substance activante l’actinium fortement actif, qui semble particulièrement propre à produire des effets de ce genre. Il a activé les sels de baryum en les maintenant en dissolution avec les sels d’actinium. Il a obtenu une activation encore plus grande en entraînant l’actinium dans un précipité de sulfate de baryte et en laissant les corps longtemps en contact. En retirant ensuite l’actinium comme il a été dit plus haut, le baryum reste actif si le contact a été suffisamment prolongé. On obtient ainsi des sels de baryum activés.

On peut se demander si les substances ainsi activées sont analogues aux substances radioactives ordinaires. Il y a là une question

  1. Société de Physique de Berlin, janvier 1900.
  2. Villard, Société de Physique, juillet 1900.
  3. Rutherford, Phil. Mag., février 1900.
  4. Comptes rendus, t. CXXXI, 30 juillet 1900, p. 333.