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On peut se demander si la radioactivité induite n’est pas due simplement au transport de la matière active sur la matière inactive voisine, ce transport pouvant se faire sous forme de poussières ou de vapeurs. Cette explication est improbable pour diverses raisons. Le transport de poussières ne semble pas compatible avec la disparition régulière et progressive de l’activité. D’autre part, on peut employer comme matière active le chlorure de baryum radifère, qui est soluble ; on peut alors s’assurer que la radioactivité induite n’est pas détruite par un lavage soigné, à l’eau, du disque activé ; elle ne l’est pas davantage par un chauffage du disque, même à la température du rouge.

Il est possible de produire la radioactivité induite dans une substance en la soumettant à l’action du radium, ce dernier étant complètement enfermé dans une boîte métallique, et cela rend encore bien moins probable l’hypothèse d’un transport de matière ordinaire.

Les intensités des effets de radioactivité induite varient beaucoup avec l’échantillon du corps actif utilisé, à activité égale ; le chlorure de baryum radifère produit plus fortement cet effet que le carbonate. Certains échantillons de chlorure produisaient des effets très irréguliers, l’activité induite variant d’un jour à l’autre dans de très fortes proportions sans que nous ayons pu reconnaître la cause de ces variations.

Nous avons aussi opéré en établissant des différences de potentiel entre le corps activant et le corps activé ; les résultats irréguliers obtenus ne nous permettent pas de dire si le champ électrique modifie l’intensité de la radioactivité induite.

Nous avons obtenu des effets de radioactivité induite très intenses en mettant des disques métalliques directement au contact du chlorure de baryum radifère ; au bout d’un certain temps, on retirait les disques, on les lavait soigneusement et l’on étudiait leur courbe de radioactivité à l’électromètre. Nous avons obtenu ainsi des radioactivités qui, à la première mesure, étaient jusqu’à 100 fois plus grandes que celle de l’uranium.

Les substances inactives que l’on introduit dans une dissolution renfermant un sel de radium très actif prennent généralement une forte radioactivité induite et la conservent après avoir été séparées du radium. Ce fait a été observé aussi bien par nous