lumière particulièrement intense. Cette luminosité ne peut être vue à la grande lumière du jour, mais on la voit déjà facilement dans une demi-obscurité ou dans une pièce éclairée à la lumière du gaz. La lumière émise peut être assez forte pour que l’on puisse lire en s’éclairant avec un peu de produit. La lumière émise émane de toute la masse du produit, tandis que, pour un corps phosphorescent ordinaire, la lumière émane surtout de la partie de la surface qui a été éclairée. À l’air humide les produits radifères perdent en grande partie leur luminosité, mais ils la reprennent par dessèchement (Giesel). La luminosité semble se conserver. Au. bout de plus d’un an, aucune modification sensible ne semble s’être produite dans la luminosité des produits faiblement actifs, gardés en tubes scellés, à l’obscurité. Avec du chlorure de baryum radifère, très actif et très lumineux, la lumière change de teinte ai bout de quelques mois, elle devient plus violacée et s’affaiblit quelque peu ; en même temps le produit subit certaines transformations ; mais en redissolvant le sel dans l’eau et en le séchant de nouveau on obtient la luminosité primitive.
Lorsqu’on est dans l’obscurité, on obtient un effet lumineux
sur l’œil fermé, en plaçant dans le voisinage de la paupière ou de la tempe un sel de baryum radifère très actif (Giesel). Cet effet s’obtient encore quand le sel radifère est recouvert d’aluminium. On peut attribuer cet effet à une phosphorescence des milieux de l’œil sous l’action des rayons invisibles du radium.
Effets chimiques, coloration du verre. — Les radiations émises par les substances fortement radioactives sont susceptibles de provoquer certaines transformations, certaines réactions chimiques. Les rayons émis par les produits radifères exercent des actions colorantes sur le verre et la porcelaine[1].
La coloration du verre, généralement brune ou violette, est très intense ; elle se produit dans la masse même du verre, elle persiste après l’éloignement du radium. Tous les verres se colorent en un temps plus ou moins long et la présence du plomb n’est pas nécessaire. Il convient de rapprocher ce fait de celui, observé récem-
- ↑ Curie, Comptes rendus, t. CXXIX, nov. 1899, p. 823.