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une moitié longitudinale du plomb épais (fig. 2) est recouverte d’une feuille d’aluminium battu, dont l’épaisseur, calculée d’après la surface, le poids et la densité 2,7, est de 0,46 µ. Les rayons X frappant le côté nu du cylindre, on observe, à la pression 0,001 mm de mercure, un courant de l’ordre de 10-10 ampère dû au bombardement d’électricité négative issue du plomb nu  ; c’est-à-dire que le plomb se charge de la quantité complémentaire d’électricité positive, et il faut, pour le maintenir au potentiel zéro pendant 32,2 s, disposer sur le plateau du quartz piézo-électrique une masse de 500 g en l’abandonnant progressivement à l’action de son poids. L’appareil une fois retourné de 180° autour de son axe, de manière que les rayons X frappent maintenant la face de plomb recouverte d’aluminium battu, l’émission d’électricité négative par le plomb à travers cette feuille d’aluminium correspond à un poids de 500 g pour 53,5 s, c’est-à-dire n’est plus que les de celle du plomb nu. Ce coefficient de transmission des charges électriques est assez peu différent de celui que présenteraient les rayons cathodiques extérieurs à un tube à vide dans les expériences de Lenard. Il est aussi comparable à celui de l’action électrique de décharge des rayons secondaires, déjà étudié, et à celui de l’action radiographique[1].

Il importe de remarquer que les mesures des courants d’électricité négative issus des métaux lourds frappés par les rayons X ont, pour des conditions expérimentales données, un sens absolu ; la quantité d’électricité transportée par les rayons secondaires est, dans un vide suffisamment poussé, indépendante de la distance parcourue par les rayons secondaires ; au contraire, on sait que les intensités des actions électriques radiographiques ou radioscopiques des rayons secondaires et aussi des rayons X dépendent du mode d’utilisation des rayons et, en particulier, de l’épaisseur d’air du condensateur électrique et de la couche photographique ou luminescente qui les reçoit[2]. Il ne paraît, d’ailleurs, y avoir aucun lien simple entre l’énergie des rayons secondaires, telle qu’on pourrait la mesurer au moyen d’un bolomètre fondé sur l’échauffement d’un métal par ces rayons, et la quantité

  1. G. Sagnac, loc. cit., p. 94.
  2. G. Sagnac, loc. cit., p. 131.