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SUR LE DIVORCE

On voudroit à présent flétrir de vétusté plusieurs maximes sur les mœurs, qui ont été pendant longtemps la source de la félicité domestique ; elles ne peuvent s’allier aux principes du jour, à ces principes de rénovation qui exigeront bientôt le sacrifice entier des opinions les plus révérées.

Les anciens croyoient que la chasteté étoit la première vertu des femmes, et la pudeur leur premier charme ; et même la pudeur a été plus souvent célébrée par les peintres et par les poètes ; car c’est le cachet de la nature, et sans ce caractère la chasteté pourroit être l’effet de l’éducation, de la crainte ou de l’indifférence. La chasteté est une loi, la pudeur un instinct ; cette observation est dans tous les esprits sans avoir été développée. Polyxène, qui arrange ses vêtemens avant de recevoir le coup mortel, nous paroît plus intéressante encore que Lucrèce victime de ses devoirs. Les usages même les plus bizarres témoignent hautement dans tous les pays, dans toutes les religions et dans tous les siècles, les hommages qu’on rendoit à la pudeur ; et les vestales gardiennes du feu sacré, et les vierges consacrées aux autels,