Page:Curchod - Réflexions sur le divorce, 1881.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
réflexions

morées se rassurent et se consolent. Les gens mariés ont donc deux fois à rougir quand ils quittent la route de la vertu ; et ce genre d’identité, le plus parfait de tous, ne peut se concilier avec la possibilité d’une séparation. Le mariage est, surtout pour les femmes, une nouvelle école de bienfaisance et de pudeur ; car la confiance et le bonheur d’un mari modeste et sensible s’ébranlent comme un roseau par le plus léger coup de vent ; et la réputation de sa jeune épouse, plus délicate que la rose, ne souffriroit pas, comme elle, sans en être flétrie, les innocens larcins des abeilles, ou le voltigement des papillons. Mais si l’on laisse aux femmes mariées la liberté de faire un nouveau choix, bientôt leurs regards erreront sur tous les hommes, et bientôt le seul privilège du parjure les distinguera des actrices, qui ont aussi le droit des préférences et le goût des changemens.

Il seroit à désirer, je le sais, que des femmes véritablement malheureuses par les procédés et les vices de leur mari pussent se dérober à leur tyrannie ; mais les lois ne sont pas faites pour les exceptions ; et telle est l’imperfection de