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sur le divorce

vide effrayant que la mort avoit fait autour de moi, unique possesseur de toutes les affections de mon âme, je vous demande pardon d’avoir pu prononcer seulement ce mot de divorce ; la plume devoit s’échapper de mes mains quand votre image chérie s’est offerte à ma pensée. Que mon âme soit donc à jamais unie à la tienne ; et s’il étoit un nom plus intime que celui d’époux, qui désignât mieux à chaque instant les nœuds indissolubles de deux existences amies, c’est ce nom que je choisirois, par un sentiment différent de celui d’Héloïse, mais mille fois plus tendre : oui, s’il étoit un engagement plus fort encore, si l’on pouvoit se lier d’une chaîne qui embrassât la mort et la vie, c’est elle que je préférerois et qui ajouteroit à mon bonheur. Ne crois pas même que la mort nous sépare jamais ; apprends qu’il n’est ni chimère ni illusion pour les âmes véritablement tendres et pures : toutes les existences, tous les biens se réalisent pour elles ; c’est la mort qui n’enlève que les apparences. Je veillerai donc autour de toi quand d’autres croiront que je ne suis plus ; je communiquerai librement avec ton cœur et tes pensées : tu supporteras la vie ; tu