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réflexions

time du respect filial, la seule vertu qu’ils puissent connoître et pratiquer dès les premiers jours de leur vie, dans un âge où les autres rapports ne sont pas encore établis, c’est presque préparer des cœurs pour les vices, en ne se hâtant pas de prendre la place et de l’occuper entièrement par des sentimens doux et honnêtes. Le bon père d’Émile se félicitoit d’avoir rendu heureuses les premières années de la vie fragile de son enfant : Du moins, disoit-il, mon fils ne mourra point sans avoir goûté le bonheur. Ne pourroit-on pas dire aussi, en nourrissant dans ces jeunes âmes le respect filial, la seule vertu à portée de leur âge : Du moins, mon fils ne mourra point sans avoir goûté la vertu ? Une bonne éducation, déjà si difficile pour les parens les plus unis, devient impossible sous la loi du divorce. Et pour revenir au système de Rousseau, où se passeront ces jeux pleins de charmes de nos Émiles ? où goûteront-ils ces prémices d’un bonheur dont la jouissance n’est pas assurée ? Sera-ce dans les bras d’une mère distraite par des objets étrangers ? Sera-ce sur les genoux d’un père que leur mère vient d’abandonner, et qui repoussera leurs caresses