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sur le divorce

ses genoux, si la crainte l’avoit éloigné. Astyanax, effrayé du casque d’Hector, se rejette sur le sein d’Andromaque ; Andromaque le rapproche doucement, et le met enfin dans les bras d’Hector.

Il est certain, comme nous l’avons dit, que les enfans d’un père ou d’une mère devenus étrangers l’un à l’autre par le divorce, ne sont plus si près du cœur de leurs parens, ni si essentiels à leur bonheur. Supposons cependant qu’au milieu des transports d’une nouvelle passion, ces époux dépareillés sentent encore le besoin de voir quelquefois les orphelins à qui ils ont donné la vie, combien il leur en coûtera pour suivre un penchant destiné, sous une autre loi, à faire le charme de leur vie intérieure ; que d’efforts pour vaincre une honte secrète qu’ils n’osent même s’avouer. Ah ! si la nature l’emporte enfin, que ce soit du moins sans rouvrir les blessures de leurs innocentes victimes ; qu’ils éloignent leur nouveau choix de cette triste et douce entrevue : un seul regard de complaisance pour cette épouse préférée, un seul mot de possession couvriroient d’opprobre des fils déjà rejetés, déshonoreroient leur mère en leur