Page:Curchod - Réflexions sur le divorce, 1881.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
SUR LE DIVORCE

et vaguement par les sensations, et celui qui jouit pleinement et distinctement par les sentimens, fonde en même temps tous les principes de bonté, d’humanité, en un mot, toutes les lois de la morale ; et si le premier but du mariage, ainsi que celui de la vie, est le bonheur de l’individu, non la multiplication de l’espèce, l’on ne peut plus alléguer la stérilité en faveur du divorce.

Platon, ce législateur des esprits, croyoit au mariage des âmes ; et quelle tendre épouse, prête à quitter la vie et l’objet qui la lui fait chérir, n’en est pas encore plus convaincue que ce philosophe ? Moïse, législateur d’un peuple grossier, consacra cependant l’institution du mariage par ces paroles purement spirituelles : Il n’est pas bon que l’homme vive seul ; faisons-lui une aide qui lui ressemble ; mais il dit aux animaux : Croissez et multipliez. Nos philosophes, plus métaphysiciens que Moïse, rejettent cependant cette distinction ; ces ambitieux inconséquens, illustrés par tous les titres de l’intelligence, décorés par plusieurs grandes pensées, cherchent cependant tous les moyens d’avilir notre nature dont ils font partie :