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SUR MADAME NECKER

tique, la religion de cette passion conjugale qui avait été son unique passion et dont elle pouvait parler mieux que personne, car nulle n’avait été plus qu’elle, dans le plus beau sens du mot, la compagne de son mari. Nulle n’avait ressenti plus profondément le contre-coup des coups qu’il avait reçus durant les accès de cette fièvre nationale aux brusques revirements, aux caprices féroces, qui étouffait le lendemain ses favoris de la veille et n’avait que ses fureurs d’égales à ses engouements.

Cette influence des événements et des malheurs du temps, ces causes si diverses d’émotion et d’attendrissement, ont porté bonheur à l’écrit touchant que Mme Necker traçait d’une main déjà défaillante et qui emprunte aux circonstances une sorte de solennité, de majesté testamentaire, car il fut écrit en 1793, et Mme Necker mourut le 6 mai 1794, dans son habitation près de Lausanne, à l’âge de cinquante-sept ans. Son mari ne lui survécut que jusqu’au mois d’avril 1804 et alla la rejoindre au rendez-vous réparateur des séparations terrestres, après avoir consacré à honorer et à parer cette chère mémoire les dernières années de sa vie, attristée et consolée à la fois par ce culte