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ÉTUDE

se vit rendue par l’exil volontaire du héros et de la victime des vicissitudes de l’opinion aux douceurs de la vie privée et de la retraite dans le pays natal. Elle demanda, avec la joie mélancolique qui suit toutes les grandes commotions morales, au seul genre de vie pour lequel elle était faite, c’est-à-dire à la pratique de la méditation, de la bienfaisance et de la vertu, dans cet air pur et serein des montagnes qui rapproche la pensée de Dieu, sinon la guérison de ses blessures, du moins l’apaisement de leur douleur. Par un retour touchant aux souvenirs de ce passé intime et heureux qui lui montrait si digne d’être aimé celui que les Parisiens avaient cessé d’admirer, elle consola les déceptions et vengea les affronts de sa foi politique en recherchant dans son cœur les raisons de justifier la fidélité toujours ardente et passionnée de sa foi conjugale. Elle ne voulut pas permettre que la disgrâce qui avait frappé ses idées touchât à ses sentiments, et qu’on put supposer que celui qui avait cessé d’être l’idole des Français avait cessé d’être la sienne. Désabusée de ses illusions, dégoûtée de ses chimères d’autrefois, elle se rejeta avec d’autant plus d’élan sur ce qu’elle sentait en elle d’invulnérable et d’éternel : la religion du devoir et du bonheur domes-