noble degré, dans cet ouvrage bien plus que dans les cinq volumes de Mélanges tirés de ses papiers, qui contiennent les bonnes fortunes de l’esprit des autres plus que du sien et sont surtout remplis des moissons de ses conversations, des butins de ses lectures, des trophées de ses conquêtes.
Les Réflexions sur le Divorce appartiennent entièrement à Mme Necker et la donnent tout entière ; elles suffisent à faire son éloge et à lui assurer dans notre littérature cette place modeste et respectée, à l’écart de la foule et du bruit, qui lui paraissait la seule digne des ambitions et convenable au rôle d’une honnête femme[1].
Après le second ministère de M. Necker et cette subite élévation au faîte de la puissance et de la popularité, bientôt suivie d’une si profonde chute dans l’ingratitude et le dénigrement, Mme Necker
- ↑ C’est Mme Necker qui a dit de l’utilité et de la sagesse de ce rôle modeste des femmes dans la société :
« Les femmes tiennent dans la conversation la place de ces légers duvets qu’on introduit dans les caisses de porcelaines ; on n’y fait point attention, mais si on les retire, tout se brise.
« Les vers luisants sont l’image des femmes : tant qu’elles restent dans l’obscurité, on est frappé de leur éclat ; dès qu’elles veulent paraître au grand jour, on les méprise, et on ne voit que leurs défauts. »