plutôt que pour celui d’arriver. Comme tout finit pourtant en ce monde, l’idylle devait aborder naturellement, à un moment donné, au port du mariage. Et ce dénouement ne répugnait pas à Gibbon qui, s’il n’était jamais pressé de conclure, était néanmoins trop logique et trop honnête pour ne pas accepter la conséquence de ses principes. Mais les projets d’union qui tinrent cinq ou six ans en suspens la liberté de Mlle Curchod et la sienne, rencontrèrent au jour décisif, si longtemps écarté, l’obstacle du veto paternel, et, après une convenable résistance, Gibbon se résigna philosophiquement à son destin. « Il soupira comme amant et obéit comme fils, » brisant, non sans regret, des liens qui ne furent qu’épistolaires et prenant congé dans la dernière de ces lettres, qu’il terminait presque invariablement par la formule suivante : « J’ai l’honneur d’être, Mademoiselle, avec les sentiments qui font le désespoir de ma vie, votre très humble et très obéissant serviteur[1]. » Cette retraite fut vivement blâmée par Jean-Jacques qui écrivait de Motiers à son ami Moult ou, le 4 juin 1763 :
- ↑ Sainte-Beuve, Causeries du Lundi, t. viii, p. 354 et 355.