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SUR MADAME NECKER


II


Nous ne saurions emprunter à un meilleur juge et à un meilleur peintre que Sainte-Beuve le premier croquis, d’une telle saveur locale et d’une si piquante ressemblance qu’on le croirait fait d’après nature, de Suzanne Curchod, née dans le petit village de Crassier ou Crassy, situé sur la limite de la France et du pays de Vaud, le 2 juin de Louis-Antoine Curchod et de Mlle d’Albert de Nasse, sa femme.

« Pour bien apprécier Mme Necker, qui ne fut jamais à Paris qu’une fleur transplantée, il convient de la voir en sa fraîcheur première et dans sa terre natale. Son père était pasteur ou ministre du saint Évangile ; sa mère, native de France, avait préféré sa religion à son pays. Elle fut élevée et nourrie dans cette vie de campagne et de presbytère où quelques poètes ont placé la scène de leurs plus charmantes idylles, et elle y puisa, avec les vertus du foyer, le principe des études sérieuses. Elle était belle de cette beauté pure, virginale, qui a besoin de la première jeunesse. Sa figure longue et un