Page:Curchod - Réflexions sur le divorce, 1881.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
SUR LE DIVORCE

suffiraient pas pour l’éclairer si une force active ne les mettoit en mouvement.

Laissons donc, à présent, ma plume errer sans guide au gré des mouvemens de mon âme ; mes dernières pensées vont appartenir à la douce mélancolie ; elle peut seule expliquer ce crépuscule de la vie, ces teintes foibles et vacillantes que les derniers rayons d’un beau jour répandent sur la nature déjà voilée. Je voudrais persuader aux jeunes gens que la vieillesse est aussi une saison, et que les époux doivent s’occuper dans leur printemps à conserver quelques fleurs pour en couronner leurs cheveux blancs.

Deux vies qui ont toujours fait partie l’une de l’autre deviennent encore plus inséparables après une longue et paisible union. Lorsque tout nous abandonne, un seul ami, une seule amie, nous restent ; notre existence est suspendue au souffle dont ils sont animés ; la terre, dévastée par le temps de tout ce qui l’embellissoit autrefois, n’est peuplée pour nous que par un seul être qui nous ressemble ; tous les autres nous sont étrangers : partout l’indifférence nous effraye ; cette solitude, ce silence moral, sont