Page:Curchod - Réflexions sur le divorce, 1881.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
RÉFLEXIONS SUR LE DIVORCE

l’urne de la destinée, il faut plus que l’innocente pureté de l’enfance, il faut celle de la vieillesse ; il faut que de longs jours représentent une longue suite de sentimens délicats et d’actions nobles et excellentes ; il faut que le son d’une voix chérie, un reste de feu dans les regards, des paroles sensibles et toujours amies, soient, pour les époux, comme ces airs connus qui rappellent, à une grande distance, les plaisirs de la jeunesse et les douceurs de la patrie, et qui nous y ramènent et nous y retiennent pour vivre et mourir dans son sein. Les femmes surtout ne sauroient trop accumuler des trésors de reconnoissance, de considération et de respect, pour se faire pardonner, dans le soir de leur vie, la perte des charmes qu’elles avoient à son aurore. Le temps, ce terrible égaliseur, peint bientôt des mêmes couleurs les teints de Géorgie et d’Afrique ; et, pour se soustraire à son dévorant empire, il faut se réfugier à l’ombre des vertus cultivées dans notre jeunesse et arrosées des larmes que nos sacrifices nous faisoient répandre. Proserpine, dit la Fable, seroit remontée au ciel si elle n’avoit mis sur ses lèvres un grain des fruits qui croissent aux enfers. C’est