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RÉFLEXIONS

ce n’est pas le divorce qui étoit permis à Rome, mais seulement la répudiation. Dans ces siècles voisins de l’état de nature, les sexes n’étoient point égaux en droit ; la force avoit l’empire, et le divorce réciproque eût été regardé comme une loi de démence.

Dans tous les temps et dans tous les pays, les femmes ont été préposées à la garde des mœurs ; mais plus l’on croit le dépôt sacré, plus l’on surveille et l’on asservit le dépositaire. Le divorce chez les Romains étoit donc un châtiment, et non une convention ; ils se vengeoient de leurs femmes coupables de deux manières également redoutées : par la mort réelle, ou par la répudiation, espèce de mort civile et d’opinion. Ainsi les femmes étoient soumises en même temps, et à la peine de mort qui les déclarait esclaves, et à la peine de blâme ou plutôt de l’opprobre qui ne peut convenir qu’à des personnes, et cette combinaison est peut-être unique dans l’ordre social.

Les dames romaines, soumises à des lois si sévères, donnèrent peu de sujets de plaintes à leurs maris ; et il ne faut pas être surpris que cent ans se soient écoulés sans offrir un exemple