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RÉFLEXIONS

Une grande partie des biens attachés à l’indissolubilité du mariage sont perdus pour une nation vaine, où l’on vit toujours dans les autres et pour les autres, et jamais dans un autre et pour un autre ; où l’on travaille son existence morale, comme l’once d’or que les orfèvres étendent en feuilles sur le plus grand espace possible, sans craindre de la rendre trop légère. Tous les usages favorisoient la galanterie en France, et cependant, au milieu de ces obstacles, la loi qui interdisoit le divorce a été extrêmement utile, elle a empêché la dissolution entière des sociétés et des relations domestiques ; les enfans sont restés dans leurs pénates ; et les femmes, ne pouvant se séparer de la considération, des intérêts et de l’état de leur mari, ont toujours été leurs meilleures amies. Si donc la loi qui défend le divorce maintient encore à quelques égards l’union conjugale et préserve une partie des biens qui en dérivent, dans les pays même les plus corrompus, quel mal n’y produiroit point la liberté du divorce ? Certainement elle seroit moins nuisible dans un pays de bonnes mœurs, où l’opinion défendroit ce que la loi permettroit ; aussi c’est en vain qu’on