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réflexions

et les fleurs qu’on répand sur la tombe des jeunes filles et qui honorent leur innocence jusque dans l’empire de la mort, et les bûchers des Brachmanes, et la peine de mort infligée aux femmes infidèles, et, sous des lois moins sévères, la grâce accordée aux époux qui ont vengé leur injure, et enfin les amères plaisanteries mêmes dont on déshonore les maris trompés, tous ces usages, toutes ces lois, sont l’expression, douce ou barbare, du vœu général des hommes, des sociétés et des nations, pour la pureté et même pour l’austérité des mœurs des femmes. Les hommes même les plus corrompus choisissent la pudeur pour image ou pour accessoire à ce qu’ils estiment, à ce qui flatte leur goût, à ce qui enchante leurs sens et leur pensée : la beauté dans la première jeunesse, le parfum des fleurs aux premiers rayons du jour, les duvets délicats qui couvrent les fruits, les jeux, la couleur et le roucoulement des colombes, la pureté d’un beau Ciel, enfin toute la nature apporte une offrande au peintre de la pudeur, et il n’est pas encore satisfait de son ouvrage. Le tableau du paradis dans la fraîcheur du premier printemps de la nature n’est