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il n’avait perdu que 6 hommes, ce qui prouvait la salubrité de son établissement de la Plaine.

À côté de ces triomphales relations, on s’étonne un peu de rencontrer l’aveu de sa détresse et de sa faiblesse réelle.

Il écrit le 21 octobre 1775 : « J’ai eu l’honneur à la fin de la dernière année (1774) de faire passer mes comptes à M. de Boynes par le senau le Postillon. Depuis le départ de ce vaisseau, les chefs de l’île de France nous ont laissés dans le plus profond abandon. … Ils n’ont pas rougi d’employer la plus ignominieuse calomnie pour ternir ma réputation. Et tous les refus de secours ont enfin pensé jeter ma troupe dans le dernier désespoir auquel j’ai remédié avec la plus grande peine, me dépouillant, moi-même, ainsi que mes officiers, de notre nécessaire, garde-robe et mobilier pour satisfaire à la solde du corps. C’est dans cet état que nous attendons des secours ou notre rappel. »

On conviendra que ce style n’est plus d’un conquérant ! Pourquoi rappeler une troupe victorieuse, dont le courage et la discipline étonnent même ce chef que rien jusque-là n’avait étonné, alléguer la misère pour justifier ce rappel quand on prétend disposer de toutes les ressources de Madagascar ? Il y a là une contradiction dont le baron ne s’effraye pas. Il affirmait toujours que l’île entière était soumise à son gouvernement, que la dernière guerre qu’il avait soutenue contre les peuples du nord l’en avait rendu maître absolu. Mais il se plaignait en même temps de se trouver par la faiblesse de son corps, dont il avait perdu la moitié, hors d’état de maintenir tous ses avantages. Il assurait qu’avec les secours qu’il avait demandés, il ferait, en seize mois au plus, de Madagascar une colonie vaste, riche et puissante. Il protestait contre les contes que M. Maillart avait pu faire passer à la cour, les déclarait faux, sans les connaître, et donnait son honneur et sa réputation pour gage de sa véracité.

Le 25 octobre, il répétait encore qu’ayant été chargé de former