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de l’île, est venu me demander des secours et protection, au prix de se soumettre à perpétuité aux lois de notre gouvernement et de se reconnaître tributaire. J’ai acquiescé à cette proposition avantageuse, qui, dans un instant, m’a rendu maître d’un pays immense. Quelques exploits heureusement suivis ont forcé le prince Savassi, Arabe de nation, établi dans le port de Moneyana, de se soumettre et de céder au pavillon français. Ce port, le plus commode pour la navigation et le plus avantageux pour le commerce, m’ouvrit la clef pour la côte d’Afrique, ainsi que la mer Rouge, et j’ai fixé dans cet endroit mes opérations, en attendant les secours et les ordres que je vous ai demandés, Monseigneur. Le commerce que Madagascar a acquis par l’ouverture de Moneyana passe toute attente, le riz étant abondant dans la partie du nord, et ne revenant qu’à 4 livres au roi le cent, qui est vendu pour 18 livres sur la côte d’Afrique et enfin échangé pour la valeur de 1,000 livres. Un esclave par ce moyen revient au roi à 40 livres au lieu que ceux que j’ai été obligé d’acheter à l’île de France m’ont coûté 1,200 livres.

« M. Maillart m’a mandé par écrit qu’il renonce au secours de Madagascar… ; me voyant dénué de tout secours dans un temps qui me promet et m’offre tous les avantages les plus considérables, j’ai pris sur moi de faire acheter, par le secours de bourse de mes amis, les objets de traite et un bâtiment pour ouvrir le commerce de la côte d’Afrique… La récolte du riz, cette année, est la plus considérable que l’on ait encore eue. Les insulaires, encouragés par notre séjour, ont planté partout. Malheureusement, l’île de France m’a refusé les objets de traite : il m’a fallu recourir à la confiance des insulaires qui, sur mes simples billets, ont crédité à peu près 1 million. J’ai plus de 500 bœufs tant à Angontsy qu’à Manahar, Foulepointe et Tamatave. J’ai informé l’île de France de ce secours, mais cette île, malgré sa disette, n’envoie pas chercher ces objets à Madagascar, préférant d’aller les chercher chez les