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escorte vers le pays de Boina. Parvenu au principal village, il fut reçu amicalement par le roi, qui céda aux Français le port de Bombetok, avec un espace de 3 lieues vers l’intérieur du pays. Le roi s’engageait à fournir chaque année 1 million de livres de riz, 2 à 3,000 bœufs et 1,200 esclaves, Ainsi l’établissement de Bombetok donnait à Benyowszky une issue vers la côte occidentale. Le baron, en transcrivant les prétendues lettres de Mayeur, annonçait même qu’il avait frété un navire pour l’envoyer immédiatement à Boina.

« Voilà, concluait-il, Monseigneur, l’état fidèle de la distribution de mon petit corps qui me rend double de ce que j’ai pu espérer. » Il demandait pourtant des renforts en hommes et l’envoi de secours considérables. Comment ne pas se laisser tromper à des récits aussi bien présentés ? Et tandis qu’ils nous représentent Mayeur négociant à Bombetok vers le mois de juin, puisque le baron dit être resté trente-six jours sans nouvelles de lui et qu’il serait parti le 1er mai, le protocole du génie nous montre le même Mayeur recevant, le 10 juin, l’ordre de se rendre de Louisbourg à Angontsy pour s’occuper d’ouvrir une route. Nous savons, d’ailleurs, par son propre témoignage, qu’il n’alla jamais à Bombetok : il fut arrêté par les Sakalaves ; c’est avec la plus grande peine qu’il échappa à leurs embûches et regagna la baie d’Antongil.

Le 22 septembre 1774, Benyowszky écrivit au duc d’Aiguillon et lui répéta à peu près dans les mêmes termes ce qu’il avait dit au comte de Boynes ; il ajoutait non sans impudence : « La postérité lira avec bien du plaisir l’histoire des révolutions de Madagascar : elle apprendra qu’un corps d’hommes composé de 237 têtes, réduit par les maladies et les fatigues à 160, a subjugué une île dont le tour passe 800 lieues… J’ai joint au plan de la Plaine de Santé la carte générale de Madagascar et un profil de l’ouverture du passage par l’intérieur de l’île de la côte de l’est à l’ouest. Cette entreprise m’a coûté des peines infinies, mais dont