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sans aucun bois autre que tamarins et citronniers. Ayant marché cinq heures dans cette plaine immense, nous arrivâmes à un village appelé Andravoaré, dans lequel nous fûmes très bien reçus par le chef… Voici ce que j’ai appris : ce pays appartenait auparavant à la reine de Bombetok ; mais que, comme le sort de la guerre était plus favorable au roi de Boina (Boueni), il était tombé en son pouvoir… Je m’informai du chemin qu’il fallait prendre pour arriver à la baie de Morungano, et j’appris, avec grand déplaisir, qu’il me fallait franchir des montagnes impraticables… Je demandai donc s’il m’était plus facile de parvenir à la demeure du roi de Boina, et j’appris que je pouvais m’y rendre de ce village en dix jours, ayant toujours bon chemin, et le chef lui-même… s’offrit pour me conduire à un autre village où demeure un plus grand chef que lui. J’acceptai… ; je demeurai trois jours en ce village pour faire reposer mon monde. Le quatrième jour, nous partîmes pour nous rendre à Antongouin, toujours parcourant un plat pays, arrosé de ruisseaux jusqu’à la grande rivière Sofia que nous passâmes dans de grands bateaux du pays. De là, nous défilâmes dans une colline qui nous a conduits jusqu’au grand village qui se nomme Antongouin. »

Bien accueilli par le chef du village, Mayeur reçut en présents deux bœufs et du riz. Il y eut un palabre avec échange de discours conformes à l’emphase habituelle des sauvages : « Le plus grand guerrier que le sol de Madagascar a porté, M. le baron de Benyowszky, général de milliers de blancs, hommes armés qui versent le sang pour rendre heureux les bons et punir les méchants, avait été envoyé par le grand roi de France pour faire un établissement royal et pour établir des postes de commerce ; il avait envoyé Mayeur pour en établir un dans ce village. » Le chef du village n’osa pas accéder à la demande sans l’assentiment du roi de Boina. Celui-ci, ayant enfin donné son consentement, le poste fut établi et Mayeur partit avec les hommes qu’il conservait pour