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au roi… Il ne met de termes à ses prétentions que celui de ses volontés, et ses volontés n’en ont pas.

« J’ajoute qu’il achèvera de bouleverser ce qui reste de tranquillité parmi les peuples chez lesquels il va s’établir, qu’il finira enfin par nous fermer, et peut-être pour toujours, toutes les portes par lesquelles on aurait pu réussir à former dans la suite un établissement solide à Madagascar, mais qui ne peut être stable qu’autant qu’il sera établi par les voies de la douceur et de la conciliation, vertus qui sont les antipodes du caractère de M. de Benyowszky et dont qui que ce soit n’est moins capable de faire usage que lui (27 décembre 1773). »

C’était là, on s’en convaincra tout à l’heure, une vue prophétique.

Benyowszky reçut, au mois de décembre 1773 par le vaisseau le Laverdy, les 100 recrues qui devaient compléter son corps à 240 hommes. Il avait envoyé, le 3 novembre précédent, 30 volontaires et 1 officier pour occuper l’île Maroce dans la baie d’Antongil, pour y préparer quelques cases et entrer en rapport avec les indigènes. M. de Ternay lui conseilla de ne partir qu’après la mauvaise saison, c’est-à-dire à la fin de mars ; mais le baron répondit qu’il attendait des navires d’Europe qui devaient toucher à la baie précisément vers cette date et Ternay ne fit plus d’objection ; il considérait, d’ailleurs, la baie d’Antongil comme moins malsaine que Tamatave, dont il avait été d’abord question pour l’établissement.

L’expédition mit à voile le 2 février 1774 : elle se composait d’environ 300 hommes, tant soldats que matelots ; après une traversée heureuse, elle aborda à l’île Maroce, le 14 février. Cette île se trouve en face d’une baie assez profonde que les Français avaient appelée Port-Choiseul ; mais Benyowszky remplaça le nom du ministre disgracié par celui du comte de Boynes. Quant à l’île Maroce, elle devint l’île d’Aiguillon. Dans la baie se jette une grande