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sans instructions, sans mémoire qui leur traçât la conduite qu’ils devaient tenir. »

On devrait taxer de légèreté la conduite de M. de Boynes si l’histoire de l’administration française, au moins au temps des régimes déchus, n’était féconde en pareils incidents.

Peut-être aussi trouverions-nous là quelque excuse pour l’excès d’ambition et d’imagination où se porta le fougueux aventurier dont il nous faut à présent retracer les fantaisies coloniales. Quand un chef ignore ce qu’il veut faire, les subordonnés prennent facilement des licences. Mais en doit-on jamais prendre, comme fit Benyowszky, avec la vérité ?

La levée des hommes de son corps étant terminée au commencement de mars 1773, le colonel se rendit à Lorient pour prendre passage avec le deuxième échelon. Le premier était parti sur l’Étoile, le troisième devait suivre sur le Laverdy. Il dit dans ses Mémoires, qu’ayant reçu communication de la lettre adressée au gouverneur et à l’intendant de l’île de France, il fit des représentations sur ce que le plus léger manque de volonté de leur part pouvait faire manquer son expédition ; il demanda que les termes de cette lettre fussent corrigés. Le ministre lui fit dire, prétend-il, que les articles les plus importants de cette lettre avaient été changés et que les administrateurs de l’île de France seraient avertis qu’il restait maître de ses opérations, et qu’ils n’avaient autre chose à faire qu’à lui fournir ce dont il pourrait avoir besoin. Il est certain que le baron se conduisit comme si les choses eussent été ainsi réglées et qu’il ne paraît à aucun moment avoir compris qu’il fût subordonné à d’autres qu’au ministre. Pourtant, il ne fait aucune allusion à ces représentations dans la correspondance qu’il échangea de Lorient, avant son départ, avec M. de Boynes. Il entra néanmoins dans tous les détails du service. C’est alors, par exemple, qu’il prit, comme il dit, la liberté de lui envoyer : « un chiffre pour déchiffrer, s’il y en aura, quelques rapports secrètes à faire de ma part, pour vous rendre