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relativement à vos opérations ne devait pas vous dispenser de rendre compte directement au ministre de la Marine de tout ce que vous feriez pour le succès de votre mission, on n’a jamais eu l’intention de vous laisser le maître absolu de l’établissement de Madagascar ; et il a toujours été subordonné ainsi que vous aux administrateurs de l’île de France.

« Votre mission devait se réduire à un simple poste à la faveur duquel on pût se lier avec les naturels du pays, former avec eux un commerce d’échanges et faire cesser l’abus de traiter en argent. J’aime à me persuader que vous ne négligerez rien pour réparer les fautes que vous avez faites, en vous abstenant avec soin de tout ce qui a rapport à la dépense et la manutention des magasins dont le détail regarde uniquement l’officier d’administration chargé de faire auprès de vous les fonctions d’ordonnateur. Je ne puis vous dissimuler que si vous vous écartiez de ces principes, je serais forcé de prendre les ordres du roi pour votre rappel. »

Il est probable que ces lettres précises autant que sévères auraient mis fin, sinon à la mission, du moins aux imaginations de Benyowszky ; malheureusement, elles restèrent à l’état de projet et ne furent pas expédiées sans doute à cause du peu de temps que Turgot passa au ministère de la Marine. Lorsque M. de Sartine prit sa succession, il se trouva que l’établissement ayant été maintenu et personne ne lui ayant fourni de renseignements sur les origines de cette entreprise, il laissa aller les choses. Plus tard, ayant lu les lettres contradictoires de Benyowszky et des administrateurs des îles, il fit faire une enquête et vit, comme il le dit dans un rapport au roi daté de 1776, « que le hasard seul ou plutôt l’arrivée imprévue d’une troupe de Hongrois en France avait fait naître au ministre l’idée de donner au baron de Benyowszky, qui en était le chef, une mission quelconque à remplir et ce qui confirma son opinion c’est que cet officier et le corps de volontaires dont on lui donna le commandement furent embarqués à Lorient et envoyés à Madagascar