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pour leur entretien, sur le budget de son département. Le duc d’Aiguillon répondit, quelques jours après, à Benyowszky, lui-même, et l’autorisa à se rendre à Compiègne où il se trouvait alors avec la Cour. Il ne semble pas qu’on eût déjà l’intention de se servir de lui ; on paraissait disposé à le rapatrier en Hongrie comme on fit repasser en Russie la plupart de ses compagnons. Benyowszky dit dans ses Mémoires que, s’étant rendu à Compiègne, il fut reçu avec distinction par le ministre, et que celui-ci lui proposa immédiatement le commandement d’un régiment. Il est peu probable que les choses aient marché si vite. Benyowszky reçut d’abord des secours d’argent ; cela le mit en état d’envoyer dans son pays un domestique qui ramena à Versailles Mme Benyowszka et sa sœur, Mlle Henska. Il avait trouvé en France un parent, vieux hussard de Berchiny, qui commandait pour le roi la ville et le château de Bar-le-Duc. Il resta à Paris. Cependant, les ministres se demandaient s’il était bien sage de congédier un homme qui prétendait avoir acquis, dans son voyage, tant de connaissances et si importantes. Ils paraissent avoir craint qu’il les portât chez d’autres nations. Benyowszky prétend qu’il proposa de faire la conquête de Formose où, comme on l’a vu, il avait passé quelques jours. Mais on considéra qu’un établissement aussi lointain serait hors des limites de l’activité commerciale des Français : cela conduisit, sans doute, à lui confier l’exécution du plan déjà ancien et toujours malheureux, formé pour la mise en valeur de Madagascar. Il est tout à fait invraisemblable qu’on lui ait, dès l’abord, présenté cette entreprise comme très considérable, qu’on lui ait promis 1,200 hommes de troupes, qu’on l’ait chargé de mettre l’île tout entière sous la domination du roi ; on croira plus difficilement encore qu’il ait lui-même demandé de réduire le nombre de ses soldats. C’est vers la fin de décembre 1772 que M. de Boynes fit établir un rapport dont les conclusions furent approuvées par le roi : il y proposait de créer, sous le nom de Volontaires de Benyowszky, un corps de troupes