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l’île de France et les ressources de travail et de fortune étant sans comparaison plus abondantes à Madagascar, ils s’y rendront volontiers. On pourra bientôt substituer aux matelots français des nègres de l’île, qui ont assez de penchant pour la navigation et qui s’offriront en foule pour servir sur nos vaisseaux, quand ils auront l’assurance d’y être bien traités et de revenir dans leur pays. Je prédis qu’avant cinq ans l’établissement de Madagascar consommera dix cargaisons ou 8,000 tonneaux de marchandises du royaume, qu’il paiera de l’industrie des Madécasses… Jamais projet ne coûta moins à tenter. Il n’est besoin ni de moyens, ni de fonds extraordinaires. Tout doit s’exécuter de l’île de France. Ce n’est qu’un léger déplacement. Je propose de partir par les premiers vaisseaux. Je serai à l’île de France en avril et à Madagascar en juillet. Quand on recevra en France les premiers avis de mon arrivée, l’établissement sera formé, le Fort-Dauphin nettoyé et occupé, des maisons bâties. J’ai ouï dire que feu M. le maréchal de Saxe avait eu cette idée pour lui-même. Je l’ai conçue pour ma patrie… Le succès de ce projet illustrera le ministère de M. le duc de Praslin jusqu’à la postérité la plus reculée… Il va réparer toutes nos pertes en Asie et en Amérique, assurer du même coup notre commerce des Indes et nous mettre en situation de prendre un jour la revanche la plus terrible et la plus complète de nos ennemis. »

Il semble que Modave ait mis quelque complaisance dans ces descriptions destinées évidemment à séduire l’imagination du duc de Praslin. Rien n’était moins démontré que l’abondance du fer à Madagascar ; que dire de son excellence ? Les moissons que Modave voyait déjà transformées en biscuits, le chanvre naturel dont il faisait des cordages, dont il fournissait les flottes entières de l’Inde, l’indigo, la cire, la soie, le coton étaient un peu de la même nature que les conquêtes du roi Picrochole. Avant que tant de richesses pussent surgir du sol où elles sommeillaient encore, que de jours, que de labeurs, que de morts d’hommes devaient advenir dont l’enthousiaste