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En effet, pendant les années 1756 et 1757, les nombreux vaisseaux qui passèrent, venant de France ou des Indes ne trouvant plus de vivres aux îles, furent obligés d’aller à Madagascar faire des salaisons pour leur voyage. Le Neptune, le Silhouette, le Gange, le Maurepas, l’Achille s’y rendirent de mai à juillet 1756. Le Favori, le Béthune, le Phélipeaux y séjournèrent au commencement de 1757 ; mais l’Achille perdit 61 hommes à Sainte-Marie, et dans les six premiers mois de 1757, il périt dans ce même poste 27 soldats, 37 matelots, 16 lascars, 2 employés et 2 officiers, sans compter 19 matelots d’un bâtiment naufragé à Foulepointe. Le 9 avril 1757, un ouragan affreux, accompagné d’un tremblement de terre, ruina de fond en comble l’établissement qui fut alors abandonné. La traite se fit principalement à Foulepointe où Magon avait renvoyé, en décembre 1756, un chef de traite nommé Gaillard. Il y eut un grand palabre, en présence du sieur Poivre et par l’intermédiaire de ce La Bigorne, dont on a déjà parlé, maintenant simple interprète ; il fut chef de traite en 1758 et les relations se maintinrent sans difficultés sérieuses de 1758 à 1762. Pendant ces quatre années, on ne vécut à l’île de France qu’avec le riz, les bœufs de Madagascar et les tortues qu’on allait chercher à l’île Rodrigue. Même, en 1759, l’escadre entière du comte d’Aché passa toute une saison à Foulepointe.

Malheureusement, ce n’étaient pas seulement les vivres que l’on cherchait à la Grande-Ile, c’étaient avant tout les esclaves. Les vaisseaux de la Compagnie en chargeaient beaucoup au compte des planteurs ; mais pour 100 qui étaient débarqués au su des agents et après le paiement des frais, il y en avait 1,500 qui étaient débarqués en secret, pour le seul profit des officiers et des planteurs, tandis que la Compagnie avait pour elle toutes les dépenses du voyage. C’étaient là jeux de pacotilleurs.

Mais en 1762, les environs de Foulepointe se trouvèrent tout à fait ruinés par les guerres continuelles que se faisaient les chasseurs