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fut prise et emmenée à l’île de France. Quelque temps après, dans l’intention de rétablir le commerce, qui avait complètement cessé à Foulepointe, à la suite de ce conflit, on la remit en liberté et on la renvoya au chef Dian-Haré, son frère qui commandait à une partie de la côte. Avec elle passait à Madagascar un certain La Bigorne, ancien soldat de la Compagnie, élevé à la dignité de favori. Cependant, le capitaine de Lozier-Bouvet, successeur de David, réoccupa en 1753 la petite île de la Caye, séparée de l’île Sainte-Marie par un simple canal. Les officiers de la frégate la Colombe y arborèrent le pavillon blanc et fixèrent à un poteau une pancarte constatant la prise de possession. En 1754, il y avait là une garnison de 40 soldats commandés par deux officiers. Ils tenaient une petite fortification en terre munie de 4 canons et logeaient dans des cases bâties à la manière du pays. Au bout d’un an, les palissades s’étant pourries, on construisit un second fort octogone, armé de 8 canons, une maison en bois de 24 pieds de long, élevée sur une base de pierre et couverte avec des bardeaux expédiés de l’île de France. Bouvet avait hésité d’abord à se réinstaller à Sainte-Marie même ; il le fit en 1754, parce qu’il craignit de se voir devancer par les Anglais qui, en 1751, lors du passage de l’escadre de Boscawen, après la paix d’Aix-la-Chapelle, avaient distribué des drapeaux aux chefs du pays. Il y envoya donc le sloop la Villeflix pour y faire le service de patache et y construisit un bâtiment de 92 pieds de long. Mais l’entreprise tourna mal ; le climat de l’île était fort malsain ; en 1756, le tiers de la garnison était mort ; deux vaisseaux qui y étaient allés en février pour faire des vivres, l’Auguste et la Colombe, avaient perdu en mai presque tous leurs officiers et matelots.

Le gouverneur Magon, successeur de Lozier-Bouvet, trouva l’établissement inutile et difficile à défendre. « On y perdait, disait-il, beaucoup de monde, tandis que l’on aurait pu se contenter d’y aller à la belle saison, comme on continuait de le faire au Fort-Dauphin et à Foulepointe, pour y avoir des vivres, des bœufs et des esclaves. »