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nommé Tansimalo, et donna l’ordre à un marchand de la Compagnie, le sieur Gosse, qui avait été envoyé en cet endroit pour veiller au ravitaillement des vaisseaux la Paix et le Mars, de conclure un traité pour l’acquisition de l’île Sainte-Marie, où l’on voulait installer un corps de garde et quelques magasins. On avait dessein de faire de la Grande Ile « notre mère nourricière en bestiaux », de ravitailler en viande fraîche et en volailles les vaisseaux de l’Inde et de faire la traite du riz. Gosse reçut, avec ses instructions, un projet de traité tout rédigé à faire adopter par les naturels. Tansimalo était mort sur ces entrefaites ; mais la cession fut consentie par sa fille, la reine Béti ; à cet effet, elle fut transportée à Sainte-Marie par le Mars et, le 30 juillet 1750, elle cédait solennellement à S. M. Louis XV, représenté en la circonstance par Gosse, l’île Sainte-Marie en toute propriété, moyennant « une certaine quantité d’effets à elle propres, dont elle était contente ». Sur l’exemplaire de la convention était apposé le signe de Béti, près duquel se voyait l’empreinte de son cachet, qui était un sequin d’or, de ceux de sa mère et des chefs de son royaume. Mais il paraît que l’honneur et sans doute les profits de cette négociation auraient dit appartenir à la mère de Tansimalo. Soit que celle-ci ait voulu se venger d’avoir été mise à l’écart, soit que les chefs de la Grande-Terre aient été jaloux du commerce que faisaient maintenant toute l’année avec les Français les chefs du bord de la mer, soit que Gosse ait commis la faute de violer la tombe de Tansimalo, comme le bruit en courut, les indigènes se soulevèrent en novembre 1750 et massacrèrent le malheureux marchand et 14 de ses compagnons. À la première nouvelle de cet attentat, David envoya à Sainte-Marie, pour en tirer vengeance, 3 vaisseaux qui arrivaient de France. Ayant jeté l’ancre devant l’île, les équipages débarquèrent et incendièrent quelques villages ; plusieurs pirogues, chargées d’insulaires, qui fuyaient vers la Grande-Terre, furent poursuivies par les chaloupes et coulées par l’artillerie. La mère de Tansimalo périt, la reine Béti