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plusieurs jours, on y prit de l’eau et des vivres et l’on en repartit, selon Ryoumin, le 31 juillet, faisant voile toujours vers le sud dans l’espoir de gagner les Philippines. Ils arrivèrent ainsi à Formose le 7 août ; il semble qu’ils abordèrent au port de Tamsui, que Benyowszky appelle Tanasoa. Les habitants les accueillirent bien d’abord, et les laissèrent puiser de l’eau ; mais, le jour suivant, comme ils voulaient en prendre encore, trois des Russes, qui étaient allés se baigner dans un petit ruisseau voisin de l’aiguade, furent tués par les indigènes et trois autres blessés. Le surlendemain, 20 août, sur l’ordre de Benyowszky, Stepanov débarqua avec 33 hommes armés pour les venger : 3,000 ou 4,000 naturels vinrent au-devant d’eux ; mais les Russes, partagés en trois groupes, tuèrent un grand nombre des assaillants, dispersèrent les autres, brûlèrent dans la poursuite un millier de cabanes. Tel est le récit de Stepanov confirmé par Ryoumin. Cette échauffourée est racontée moins simplement par le baron dans les Mémoires ; l’attaque inopinée d’une bande d’indigènes, la descente et le petit combat qui s’ensuivit se transforment en une grande expédition militaire faite à la requête d’un prince du pays avec lequel les Européens contractent une alliance formelle. Prenons pour ce qu’ils valent les embellissements que l’auteur, après quinze ans passés, ajoutait à son aventure de Formose. On croira plus difficilement encore que les habitants de ce pays lui aient offert de le nommer leur roi, qu’ils l’aient reconnu pour le guerrier dont la venue était prédite par les prophètes et qui devait délivrer Formose du joug des Chinois. Nous retrouverons à peu près le même conte plus tard ; mais la scène se passera à Madagascar. La vérité est, qu’ayant suffisamment vengé le meurtre de ses compagnons, il reprit sa route le 21, et, passant près des îles Pescadores, qu’il appelle Piscatori, il parvint en droiture à la côte de Chine où il aborda le 1er septembre au port de Tchentchéou, dans la province de Fokien. Des 80 personnes ou environ qu’il avait emmenées avec lui, il n’en restait plus, lors de l’arrivée