Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée

à préparer du biscuit et du pain. Ryoumin est d’accord avec Stepanov ; il nous fait connaître que Benyowszky fit fouetter Ismaïlov et plusieurs autres matelots qui avaient comploté de retourner en Sibérie. Il les abandonna dans cette île, ainsi que la femme d’un d’entre eux, au moment de son départ. Repartis le 12 juin, avec un vent qui les poussait vers le sud-ouest, après une route assez longue, comme ils se trouvaient d’après leur calcul à la hauteur des îles Mariannes, l’eau commença à manquer et l’équipage devint remuant et mécontent ; il fallut donc changer de direction et tenter de regagner la Chine ou le Japon. Une terrible tempête du sud-ouest, qui dura quatre jours, faillit plusieurs fois les engloutir, mais les poussa jusqu’aux îles japonaises vers le 33e degré de latitude nord ; de cette tempête les Mémoires du baron ne parlent pas ; il en est pourtant question dans la lettre en mauvais français qu’il écrivit à Macao : il y nomme aussi l’île Mariain. On voit ressortir de tout cela, qu’après avoir touché à l’une des Kouriles, le Saint-Pierre-et-Saint-Paul dut être emporté assez loin vers le sud-ouest et changea de route presque à angle droit pour regagner les parages du Japon. On peut suivre un peu plus aisément dès lors la marche des navigateurs. Ayant atteint la terre le 7 juillet, suivant Ryoumin, le baron croyait n’être pas loin de Nangasaki ; il arbora le pavillon vert, parce qu’il crut bon de se donner, lui et les siens, pour Hollandais. Le même soir, le vaisseau vint près de la côte, et l’on jeta l’ancre par 40 brasses de fond près d’un endroit où l’on voyait briller beaucoup de feux. Le lendemain matin, avant l’aurore, Stepanov s’embarqua avec le major Wymblath et huit hommes, dans une chaloupe, pour chercher un mouillage sûr et de l’eau douce. Mais il leur fut impossible d’aborder sans être vus, à cause de l’éclat que répandaient les feux. Les indigènes, qui semblaient être des Japonais, ne tardèrent pas à se rassembler autour d’eux. Stepanov et les siens s’étant donnés pour Hollandais, on leur fit entendre par signes qu’il leur fallait suivre la côte vers le nord ;