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de la mer d’Okhotsk. Dans cette vue, ils devaient tenter de s’emparer d’un des bâtiments à deux mâts dont on se servait pour la chasse au castor. Ils avaient l’intention de gagner l’île Guam, une des Mariannes, et d’aller de là en Europe. Le gouverneur de Bolsheretzk ayant, au commencement du printemps, traité les exilés avec une dureté plus grande que de coutume, Stepanov réunit ceux qui avaient adopté son projet ; ils étaient au nombre de 32 ; ce nombre suffisait pour s’emparer de tous les habitants du lieu qui pouvaient paraître dangereux. Le plan fut exécuté le 18 avril (vieux style), qui correspond au 27 (nouveau style). Les conjurés s’emparèrent de la caisse de l’État, des magasins de vivres, désarmèrent la garnison et se rendirent à Tchekavka, à 40 verstes de Bolsheretzk ; ils y arrivèrent le 1er mai. Or, à Macao, Benyowszky raconta qu’ayant été envoyé en Sibérie et très cruellement traité, il avait pu s’échapper en s’emparant de la garnison, alors réduite à très peu de monde, sans doute par l’épidémie de petite vérole qui décima la population. Il se rendit à Kamtchatka (on doit évidemment comprendre ici Tchekavka, port de Bolsheretzk) pour s’embarquer. Arrivé à l’île de France, il donna des détails précis ; il assura qu’il avait été enfermé dans la forteresse ou tout au moins placé sous la garde d’un officier appelé Guresinin ; celui-ci, qui était d’accord avec lui, fournit les armes nécessaires. Il paraît que le gouverneur eut des soupçons et voulut faire conduire le baron dans un autre endroit. Mais la complicité de Guresinin permit de tenter l’attaque du fort dans la nuit du 27 avril. Le commandant fut tué avec quelques autres dès le début du combat ; le lendemain, les soldats et les cosaques voulaient reprendre la ville, les armes à la main ; mais les habitants, effrayés par l’audace et le cruel stratagème de Benyowszky, se rendirent le 28. « J’entrai triomphant, raconte le baron, dans la ville de Kamtchatka (Tchekavka), je descendis au port et m’emparai de trois vaisseaux. Je choisis le plus fort et démâtai les autres. » Il ne