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s’emparer du rebelle : ils ne reparaissent pas. Il envoie alors à 9 heures, en pleine nuit, 2 détachements avec du canon ; mais, accueillis à coups de fusils par les conjurés réunis, ils sont dispersés, poursuivis, et les révoltés pénètrent sans coup férir dans le fort, dont la sentinelle a baissé le pont à leur approche, les prenant pour ses camarades. Le fort où il ne reste que 12 hommes est enlevé sans peine ; Nilov, surpris dans ses appartements, est tué raide, sous les yeux de son futur gendre, châtiment bien mérité de sa stupidité, si les choses s’étaient vraiment passées comme le raconte Benyowszky. 700 cosaques logeaient dans la ville ; ils prennent les armes enfin. Il faut supposer que les coups de feu tirés dans la soirée n’ont pas été entendus, que les fuyards n’ont averti personne, comme on doit admettre que le major Nilov est demeuré deux jours (25 et 26 avril) en présence d’un soulèvement déclaré sans prendre aucune mesure militaire, sans s’être préparé à se défendre, sans avoir même appelé à lui les cosaques et les habitants de la ville. Le matin du 27, cosaques et habitants, rassemblés dans les bois voisins, se préparent à attaquer le fort ; mais le baron fait enfermer les femmes et les enfants, au nombre de plus d’un millier, dans l’église et menace d’y mettre le feu si les Russes ne posent les armes dans les deux heures. Ce stratagème atroce réussit : tous se soumettent. Voilà ce qu’on lit dans les Mémoires. Voici maintenant la vérité sur cette échauffourée, telle qu’on peut l’induire des récits faits à l’époque par le vainqueur lui-même et par des témoins oculaires, Stepanov et le scribe Ryoumin.

Stepanov paraît avoir eu avec son chef des démêlés dont nous ignorons la cause ; mais il va sans dire qu’il ne peut être question d’une rivalité d’amour ; il manifeste son aversion pour son ennemi en ne le désignant jamais par son nom. Il avait vécu au Kamtchatka, pendant huit mois, dans la plus profonde misère, lorsqu’il forma avec quelques compagnons le projet de s’échapper, sur une petite embarcation, vers la côte chinoise qui fait face à l’ouverture