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complot. Il était, en effet, nécessaire aux fugitifs d’avoir un marin complice pour diriger leur évasion ; autrement, rien n’aurait été plus facile que de les tromper sur la direction donnée au bâtiment et de le jeter sur la côte de Sibérie ou sur l’une des îles Kouriles occupées par les Russes.

Nous arrivons enfin à l’exécution de la conspiration. Le récit fait par le baron des journées qui la précédèrent et de la révolte même ne peut absolument pas être admis comme exact. En voici les traits vraiment incohérents : il y avait alors à Bolsheretzk un certain Ismaïlov, chasseur de fourrures, qui, en 1779, au témoignage de King commandait une station de chasse dans une des îles Aléoutiennes ; Benyowszky fait de lui tantôt un simple matelot, tantôt le neveu du chancelier Soudeikine, en tout cas, l’un des conjurés. Cet homme dénonce à son oncle le projet d’évasion, il dénonce l’exécution du traître Levantiev, il en révèle assez pour perdre le baron si les officiers russes font leur devoir. Cela se passe le 11 avril. Si l’on accepte pour vraie cette trahison, l’on ne comprend pas que Benyowszky ne soit pas immédiatement arrêté. Or, il dit qu’il fut malade et resta paisiblement chez lui du 12 au 20 avril. Nilov n’a pas donné signe de vie : c’est sans doute qu’il ne peut se défier de son futur gendre. Pourtant, le 22, le baron rassemble ses amis, les arme et commence à se garder militairement. Aphanasie, complice par amour, doit lui envoyer pour signal un ruban rouge, si le gouverneur prépare quelque embûche contre lui. Le 25, il reçoit le ruban. En effet, ce jour-là, le gouverneur l’invite à dîner dans l’intention de se saisir de lui. Benyowszky répond qu’il est malade. L’après-midi, le hetman Kolossov se présente et le menace de le faire arrêter. Il a commis l’imprudence de venir sans escorte pour saisir un chef de conspirateurs, quand il a 700 cosaques dans la ville : il paie cher sa sottise : c’est lui qui est fait prisonnier. Le lendemain 26, vers 5 heures du soir, le gouverneur se résout à faire marcher 4 hommes et un caporal pour