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comme leurs voitures se trouvaient quelquefois l’une à côté de l’autre, cela leur donnait occasion de s’entretenir, et ils en profitèrent pour établir une correspondance entre eux deux, qui n’a presque jamais été interrompue et qui avait subsisté depuis leur rencontre dans la forteresse de Kaluga. L’évêque fut conduit à l’extrémité septentrionale du pays de Kamtchatka, sur les frontières du pays des Korakis, et le baron fut transporté, comme je l’ai dit plus haut, à Ockow. Un petit bâtiment l’attendait là, et il fut embarqué pour aller à Kamtchatka. Il y fut enfermé dans une forteresse. Mais comme les Russes mêmes qui sont dans ce pays-là y sont malgré eux, il ne fut pas difficile à M. de Aladar de s’y faire des partisans. Enfin, un jour, la saison étant favorable pour se mettre en mer, y ayant d’ailleurs trois bâtiments dans la rivière, le baron se rendit maître de la forteresse, égorgea tout ce qui n’était pas de son parti et qui pouvait lui faire résistance. Il y resta trois jours enfermé, sans que l’on sût au dehors ce qui s’y était passé. Il employa ce temps à s’approvisionner de munitions de guerre et de bouche nécessaires pour l’exécution de son dessein. Après les avoir rassemblées, il s’empara d’un des trois bâtiments qui étaient dans la rivière et dont le capitaine consentit à suivre son sort. Il coula bas les deux autres afin qu’on ne pût pas le poursuivre. Il partit, lui, quatre-vingt-troisième, de Kamtchatka, sans trouver aucune opposition. Il sortit de la rivière et fit route au sud en prolongeant la côte occidentale. Quand il fut rendu à la pointe la plus méridionale de Kamtchatka, il l’arrondit et fit ensuite route au nord-est, son premier projet étant d’aller attaquer la côte occidentale de l’Amérique et, en la rangeant successivement, de se rendre jusqu’à Acapulco.

Il rencontra dans sa navigation plusieurs îles ; il eut même connaissance de la terre ferme ; mais différents événements le forcèrent de revenir à l’ouest. Il y a une circonstance dont la place serait ici ; mais il vaut mieux que le baron ou moi la développions verbalement, que d’en hasarder le secret. Il aborda au Japon et à quelques îles voisines : il y fut différemment reçu, suivant les caractères différents des nations. Il vint aussi à Formose, et enfin il dirigea sa route vers les Manilles ou Philippines. Un coup de vent forcé l’empêcha d’y aborder et le contraignit de faire route vers la Chine. Il vint à Macao ; il y fut très bien reçu du gouverneur portugais et il donna avis de son arrivée au comptoir français de Canton. En même temps il réclama