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une distance aussi grande ; d’ailleurs, elles se développeront en Europe comme ici, en vérifiant les premières circonstances dont je crois devoir un compte exact d’après tout ce que M. de Aladar m’a dit ; car c’est toujours lui qui parle dans ces notes que je rédige, autant que je peux, de mémoire sur tout ce que j’ai pu conserver de ses propres paroles.

Il était à la Diète lorsque le prince Poniatowsky fut élu roi de Pologne. Par une suite naturelle du parti qu’il professait dans cette assemblée, il s’est trouvé dans la confédération qui s’est élevée contre ce qui en est résulté. Il a été fait général régimentaire dans cette confédération et le prince Albert l’a décoré de l’ordre de l’Aigle Blanc.

Il commandait un corps de troupes assez considérable en Podolie, où, après plusieurs, escarmouches, malgré sa résistance, et quoique dans les premières occasions il n’ait pas été battu, la supériorité des ennemis l’obligeait toujours de se retirer et de perdre du terrain. Enfin, étant sur les frontières de la Podolie et de la Valachie, sous un petit fort, il fut attaqué en même temps par un corps considérable de Russes et, d’un autre côté, par un fort détachement des troupes du roi de Pologne. Il y fut battu, blessé et fait prisonnier. Il fut conduit à Kiow et de là à Casan. Jusque-là il avait été traité avec beaucoup d’égards et d’humanité ; mais, sur des nouvelles qu’il reçut à Casan, ayant osé lui-même se rendre à Moscou ou à Pétersbourg, et ses intelligences ayant été soupçonnées ou découvertes, il fut arrêté et transféré, les fers aux pieds, avec la plus grande dureté, de prison en prison, jusques aux frontières de Sibérie. Il a été traîné dans toute l’étendue de cette province immense jusques au port d’Ockow[1].

J’ai oublié de dire qu’avant d’être conduit à Kiow et à Casan, il avait été enfermé immédiatement après son combat dans la citadelle de Kaluga, où il avait trouvé l’évêque de Cracovie aussi prisonnier. (Cet événement ne vient qu’après qu’il a été arrêté à Moscou ou à Pétersbourg, je ne suis pas assuré dans laquelle de ces deux villes.) Lié d’intérêt, de sentiments et même de connaissance avec cet évêque, ils avaient formé le complot de s’échapper et vraisemblablement ils eussent réussi, sans les incertitudes et la faiblesse de ce prélat, puisque le colonel commandant à Kaluga était entré lui-même dans le complot. Ce colonel s’est sauvé et est passé en Pologne au service des confédérés. L’évêque et le baron furent conduits en même temps en Sibérie, et

  1. Okhotsk.